Un chiffre : 87-712. Pas très poétique, mais ce décret de 1987, passé inaperçu pour beaucoup, règle une question qui empoisonne relations de voisinage et d’immeuble chaque automne. Qui, du locataire ou du propriétaire, doit purger les radiateurs ? Derrière cette formalité se cachent des enjeux bien réels, entre facture de chauffage qui s’envole et responsabilités qui s’enchevêtrent.
Un radiateur négligé n’est jamais anodin. L’air coincé dans les tuyaux finit par semer la zizanie : bruits étranges, zones froides persistantes, voire panne du système. Au cœur de ces désagréments, c’est la question de la responsabilité qui refait surface, car chaque oubli peut finir devant un juge ou provoquer des tensions durables.
Purger ses radiateurs : un entretien indispensable pour le confort du logement
Purger un radiateur ne relève ni du caprice ni d’une lubie de bricoleur averti. C’est le geste basique qui assure des pièces chauffées de façon homogène, des factures sous contrôle et une installation qui ne vous lâche pas au pire des moments. Une clé spécifique suffit : on libère l’air emprisonné, la chaleur circule sans obstacle, et les craquements disparaissent.
Ce petit entretien s’impose au moins une fois par an, juste avant de rallumer le chauffage. Cette régularité maintient la pression idéale dans le circuit, généralement sur une fourchette de 1 à 1,5 bar selon le matériel installé. Négliger cette routine, c’est prendre le risque de voir le rendement chuter ou des pannes apparaitre.
L’attente du premier bruit suspect ou du contraste saisissant entre des zones froides et chaudes n’a rien d’une bonne stratégie. Dès que de l’air perturbe le circuit, le système compense en dépensant davantage d’énergie. Résultat : le confort baisse, la consommation grimpe, et les équipements souffrent inutilement.
Pour bien mesurer l’intérêt d’une purge régulière, les bénéfices concrets sont les suivants :
- Chaleur uniforme dans toutes les pièces, sans traces de radiateurs tièdes
- Longévité accrue pour les équipements, avec moins de surchauffes et d’arrêts impromptus
- Moins de recours au dépannage, synonyme de dépenses contenues sur la durée
Loin d’être secondaire, la purge s’inscrit dans la routine d’un logement bien tenu, au même titre que surveiller la pression de la chaudière ou veiller au niveau d’eau. Ce geste préventif limite nettement les contrariétés, quel que soit le type d’installation ou de logement.
Locataire ou propriétaire : qui doit s’en charger selon la loi ?
Côté administratif, la purge des radiateurs fait partie des opérations courantes d’entretien. Le texte de 1987 ne laisse pas place au doute : c’est au locataire qu’incombe cette tâche. Nettoyage, purge, contrôle, tout cela relève directement de ses obligations.
De son côté, le propriétaire veille à fournir un logement avec des équipements en état de fonctionnement, conformément aux règles posées par la loi de 1989. Si un problème est dû à l’usure ou un vice caché, son intervention devient nécessaire. Mais pour l’usage courant, l’ajustement et la purge, la responsabilité reste totale du côté du locataire.
Ignorer cette obligation peut entraîner des frais, puisqu’un radiateur mal entretenu ouvre la porte à des retenues sur le dépôt de garantie, le coût de la remise en état n’échoira pas au bailleur. Cette règle vaut pour tous types d’hébergement, du studio à la maison familiale.
La distinction est donc simple : à l’occupant les interventions du quotidien, au propriétaire la gestion des réparations lourdes ou du remplacement du matériel arrivé en fin de course.
Chauffage collectif, individuel ou clause spécifique : comment les situations influent sur la responsabilité
Le chauffage collectif ou individuel modifie-t-il la donne ? En copropriété, lorsque le système de chauffage dessert tout l’immeuble, son entretien global relève du syndic. Mais dans la majorité des cas, les radiateurs à l’intérieur du logement restent sous la responsabilité du locataire. Sauf si une mention l’exclut dans le contrat ou le règlement, purger reste son affaire.
Si le logement bénéficie d’un chauffage individuel, chaudière dédiée,, la règle s’applique sans détour : au locataire de s’assurer de la purge et du maintien de la pression. Parfois, le propriétaire propose un contrat d’entretien couvrant ces tâches, mais cela doit alors être spécifié noir sur blanc dans le bail ou l’accord d’entretien.
Certains locataires bénéficient d’une clause particulière dans leur contrat. Par exemple, la purge peut être intégrée à la visite du chauffagiste ou faire l’objet d’un partage des frais, à condition que tout soit détaillé. Lorsqu’une grille de vétusté est jointe au bail, elle clarifie qui prend en charge quoi en cas de souci sur l’installation.
Pour mieux s’y retrouver, voici comment ces situations se répartissent :
- Chauffage collectif : réseau central géré par le syndic, radiateurs intérieurs à la charge de l’occupant sauf exception contractuelle
- Chauffage individuel : l’entretien courant, dont la purge, incombe au locataire sauf mention expresse dans le bail
- Clauses spécifiques : chaque cas doit être vérifié ligne par ligne dans le contrat
Conseils pratiques pour agir efficacement et éviter les litiges
Anticipez l’entretien et gardez une trace
Purger un radiateur, ce n’est pas une corvée à reléguer à plus tard. On programme ce geste avant l’hiver, histoire d’éviter les incidents de dernière minute. Une clé adaptée, un chiffon, un petit récipient : le tour est joué, l’air chassé du circuit, le radiateur retrouve tout son potentiel. Même sans être expert, c’est à la portée de chacun.
Pour éviter toute confusion en cas de contestation, il est conseillé d’adopter ces quelques habitudes :
- Inscrire chaque intervention dans un carnet ou conserver un échange de courriel avec le propriétaire, laissé en archive
- En cas de difficulté ou de doute, demander l’appui d’un chauffagiste et garder la facture
État des lieux et dépôt de garantie : la vigilance avant tout
L’état des lieux, à l’entrée comme à la sortie, protège les deux parties. Un radiateur bruyant ou inefficace à ce moment-là sera signalé, et l’entretien par le locataire pourra être interrogé à la première anomalie. Sur cette base, une retenue sur le dépôt de garantie sera possible en cas de négligence. Les baux les plus clairs définissent explicitement les responsabilités de chacun : la lecture attentive de ces termes évite bien des déconvenues.
À noter enfin : le propriétaire ne peut pas imposer une intervention chez le locataire pour la purge sans l’accord de celui-ci. La meilleure parade reste de dialoguer calmement si un souci apparaît, pour couper court aux tensions avant qu’elles ne dégénèrent.
Responsabilité, anticipation, dialogue : lorsqu’ils sont associés, la purge des radiateurs cesse d’alimenter les conflits pour devenir un geste simple, presque automatique. La chaleur revient, la facture s’allège, et chacun gagne en tranquillité, tout simplement.


